Le nom, Larrus, ne figure pas sur la carte au 1 : 25'000.
Forêt tout en longueur, 300 m, et d’une largeur inégale variant d’une dizaine à une trentaine de mètres au maximum et située en bordure du lac, entre St-Joux (place de sport) et Poudeille.
Carte Bielersee No 1145 entre les coordonnées 575'250 / 213’325 d’une part et 575’375 / 213'500 d’autre part, en contrebas de l’ancien mur de soutènement de la berge du lac (mur composé de moellons imposants, calcaires, très bien conservés datant d’avant 1868, soit avant les travaux de la Correction des eaux du Jura).
Altitude : 430 m (surface du lac : 429 m) ; pente nulle.
La forêt des Larrus est visible, soit du train, soit de la route, à la sortie de La Neuveville en direction de Bienne grâce à une antenne verte.
Un sentier, facile d’accès, parcourt la forêt dans toute sa longueur. De plus, un ruisseau à courant rapide, canalisé, traverse la forêt et se jette dans le lac.
« Cette forêt a poussé de manière spontanée après les travaux de la Correction des eaux du Jura en 1880. Auguste Rollier, son propriétaire, l’a façonnée par la plantation d’arbres de valeur (on n’en connaît pas les essences). Par la suite il l’a entretenue sous forme de parc : on y trouve encore les vestiges d’un minuscule étang. A présent on peut dire que la forêt retourne à l’état naturel.
Les coupes de bois réalisées ces dernières décennies ont éliminé en grande partie les essences étrangères à la station, comme les épicéas. »
(Nicolas Bessire, nov. 2008)
Anciennement propriété de l’Etat de Berne, rachetée entre-temps par la 01.04.1987 Commune de La Neuveville.
Lente évolution vers un équilibre naturel. Forêt composée d’une mosaïque d’associations : Aulnaie à Prêle (Equiseto-Alnetum), Frênaie à Orme (Ulmo-Fraxinetum), voire même à des synusies (plus petite partie d’une association ou mini-association comme le serait la plus petite poupée russe)… Cette multitude de groupements, de l’alliance Alno-Ulmion minoris (forêts de feuillus riveraines) donne une stabilité harmonieuse à la forêt.
Strate des arbres :
25-30 m env. pour les plus grands ; aucune espèce dominante.
Recouvrement : env. 70%
Saule blanc | Salix alba | |
(Saule fragile) | (Salix fragilis) | |
(présent au bord du lac à St-Joux, même situation, mais en dehors des Larrus) | ||
Saule marsault | Salix caprea | |
Peuplier noir | Populus nigra | |
Peuplier blanc | Populus alba | |
Peuplier d’Italie (planté ?) | P. nigra ssp. pyramidalis | = P. italica |
Frêne élevé | Fraxinus excelsior | |
Aulne blanchâtre | Alnus incana | |
Aulne glutineux | Alnus glutinosa | |
Bouleau blanc = b. pendant | Betula pendula | |
erable sycomore = e. faux platane | acer pseudoplatanus | |
Orme de montagne = o. rude | Ulmus glabra = u. scabra | |
Orme champêtre (vitalité réduite) | Ulmus minor = u. campestris | |
Tilleul à grandes feuilles | Tilia platyphyllos | |
Pin sylvestre | Pinus sylvestris | |
Epicéa (planté ?) | Picea abies | |
Erable plane | Acer platanoideS | |
Chêne sessile | Quercus petraea | |
Noyer royal | Juglans regia | |
Cerisier = merisier | Prunus avium | (en fleur, merveilleux !) |
Robinier faux acacia | Robinia pseudoacacia |
Troène vulgaire | Ligustrum vulgare | |
Fusain d’Europe (Bonnet de prêtre) | Euonymus europaeus | |
Chèvrefeuille à balais | Lonicera xylosteum | |
Noisetier | Corylus avellana | |
Obier | Viburnum opulus | |
Cornouiller sanguin | Cornus sanguinea | |
Ronce | Rubus fruticosus | |
Aubépine à un style | Crataegus monogyna | |
Clématite des haies | Clematis vitalba | |
Orme champêtre | Ulmus minor = U. campestris | (nombreux à proximité du ruisseau) |
If | Taxus baccata | |
Bois de Ste-Lucie | Prunus mahaleb (en fleur), lisière nord | = Prunier Mahaleb |
Mahonia à feuilles de houx | Mahonia aquifolium (en fleur) | |
Viorne lantane | Viburnum lantana | |
Rosier | Rosa sp. |
Lierre | Hedera helix | |
Prêle des champs | Equisetum arvense | |
Gouet tacheté | Arum maculatum | |
Brachypode des bois | Brachypodium sylvaticum | |
Paturin commun | Poa trivialis | |
Canche gazonnante | Deschampsia caespitosa | |
Ortie dioïque | Urtica dioica | |
Erable (semis) | Acer sp. | |
Carex lâche (= C. glauque) | Carex flacca (= C. glauca) | |
Carex gracieux | Carex gracilis | |
Carex (Laiche) blanc | Carex alba | |
Anémone sylvie | Anemone sylvestris | |
A. jaune = A. fausse renoncule | Anemone ranunculoides | |
Pervenche | Vinca minor | |
Paturin annuel | Poa annua | |
Mélique penchée | Melica nutans | |
Eupatoire | Eupatorium cannabinum | |
Fougère mâle | Dryopteris filix-mas | |
Céphalanthère rouge | Cephalanthera rubra | |
(30 ex. dont certaines à même le sentier… le 12.06.89) | ||
Tilleul (semis) | Tilia sp. |
Remarque : « Pascal Stoebner, ing. forestier stagiaire, lors d’une analyse de la station en 1989, y a vu un début de mosaïque d’associations avec une Aulnaie à prêle (Equiseto-Alnetum incanae) tout au bord du lac, et, vers l’intérieur, une Frênaie à Orme (Ulmo-Fraxinetum) ». (Nicolas Bessire, nov. 2008).
Mull forestier de type AC, composé pour l’horizon A de 30 cm de terre noire (accumulation de matière organique) abritant de nombreuses racines, à pH 7 (neutre), sans argile (on ne peut pas faire de « saucisses »). Présence de vers de terre. L’horizon OL-OF (horizon mixte de 3 cm en surface) contient de la litière en décomposition.
L’horizon C, minéral, est formé de sable lacustre mêlé à des restes de moraine, d’environ 12'000 ans d’âge (retrait du glacier du Rhône à la fin de la glaciation de Würm).
L’altitude de ce sol, 430 m, fait qu’à chaque montée du niveau des eaux du lac (429 m habituellement), lors des inondations, la terre de la forêt des Larrus est submergée. Et les inondations se font de plus en plus fréquentes, ces dernières années.
Elle est soumise à plusieurs influences : roche mère – algues – lichens – arbres du sol – gel – pluie – neige - soleil – vent – herbes – humus – mousses…
(A ce sujet, on consultera avec un réel profit la publication « Le sol », fascicule de 40 pages destiné à tout débutant en pédologie élémentaire éditée par le CIP, de Tramelan. Plusieurs auteurs : Jean-Michel Gobat, Elena Havlicek, Jean-Luc Renck, Catherine Strehler-Perrin, Pascal Stucki, Gaëlle Vadi,
et les dessins de Deyrmon ; coordination de Pierre Gigon – année 2001). Vous trouverez, dans cette publication, des références d’ouvrages plus sophistiqués.
C’est en 1980 que nous avons eu l’idée de comparer différents sols de la région de La Neuveville, sans prétention aucune, sinon celle de montrer à nos élèves fréquentant les travaux pratiques de sciences naturelles que les sols ne sont pas tous les mêmes. Six endroits différents nous ont permis d’observer les sols de :
La forêt des Larrus a produit 30 cm de terre noire en l’espace d’une centaine d’années, soit depuis la fin des travaux de la première Correction des eaux du Jura (1868-1890), en moyenne 3 mm par année…
Rappelons que ces travaux ont permis aux trois lacs de Morat (canal de La Broye), Neuchâtel (canal de La Thielle) et Bienne (canaux d’Hagneck et Nidau-Büren) d’abaisser leur niveau d’eau d’environ 2,70 m, afin d’assurer au Grand Marais des cultures sans inondations majeures.
A pied : suivre le chemin goudronné, au sud des voies ferrées, menant de St-Joux (sortie est de La Neuveville) en direction de Bienne. La place de sport doublée, vous aurez accès directement à la forêt des Larrus (au sud de l’antenne de couleur verte).
En voiture : sous le viaduc, suivre le panneau blanc « St-Joux » et parquer son véhicule vers la buvette-restaurant « Le Nénuphar », à proximité de la place de sport (football et autres ; emplacement de détente).
Cette forêt est très agréable à parcourir, à admirer, et le bruit des vagues s’échouant sur le rivage ajoute encore à la beauté du site, sans oublier le chant des oiseaux. Il fait bon s’y promener…
Un merci tout spécial aux personnes qui ont supervisé notre texte :
Jean-Michel Gobat, pédologue, Université de Neuchâtel
Nicolas Bessire, ing. forestier, La Neuveville
Raymond Haeberli, prof. de lettres, La Neuveville
François Marolf, horticulteur et photographe, La Neuveville
Eric Grossenbacher, La Neuveville, novembre 2008